Si rude soit le début

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Si rude soit le début, Javier Marias, Gallimard, 576 pages, paru le 19/01/2017, 25 €

J’ai découvert Javier Marias il y a quelques années, lors de la parution de Comme les amours. A l’époque, j’avais été frappée par l’écriture et l’atmosphère qui se dégageait de ce titre. Un grand roman, assez difficile à conseiller car ce n’est pas l’intrigue qui constitue le cœur de l’ouvrage en question mais plutôt la manière dont l’auteur narre son histoire.

Avec Si rude soit le début, je dois avouer que ça n’a pas été une partie de plaisir au départ. Le titre semblait faire référence à la difficulté que j’avais à entrer dans ce roman (je sens que je ne vous le vends pas là..). Juan de Vere nous raconte son premier emploi de secrétaire auprès d’Eduardo Muriel célèbre réalisateur espagnol. L’histoire se situe dans les années 80, à Madrid. Très vite, Juan passe tout son temps auprès de Muriel et de sa femme Beatriz Noguerra vivant pratiquement chez eux, plongeant ainsi dans l’intimité du couple. Le Juan de Vere qui nous conte cette histoire est le Juan de Vere d’aujourd’hui, plus âgé, avec le recul des années permettant une meilleure compréhension des choses. Et c’est ce qui rend ce roman intéressant : l’introspection, les nuances, la candeur du jeune homme vu par l’homme qu’il est aujourd’hui.

Alors, me direz vous, pourquoi m’a-t-il fallu tant persévérer (bien 200 pages) pour y trouver du plaisir? Eh bien tout d’abord, il y a une certaine densité dans l’écriture de Javier Marias (peu de dialogues, du moins dans leur forme classique, et des digressions constantes) mais surtout, éprouver de la sympathie pour ses personnages m’a été compliqué. Et malgré tout, une fois le livre refermé, on sait que c’est un grand roman et que cette empathie qui ne vient pas spontanément en fait la force. Il aurait été facile d’enjoliver le personnage de Juan de Vere jeune, mais le narrateur choisit de nous le livrer sans filtre, avec la candeur et l’arrogance de la jeunesse. Il nous agace donc parfois mais c’est aussi ce qui le rend profondément humain. Et il en va de même pour tous les personnages. Javier Marias ne fait pas dans la facilité, pousse le lecteur à se questionner, disséminant ici et là quelques scènes, quelques phrases qui continuent de nous habiter pendant un long moment. Alors je ne sais pas si je vous ai fait peur (ce n’était vraiment pas le but.) mais c’est un grand roman et en le refermant, vous saurez que l’effort du début en valait grandement la peine.

Emma

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