Laëtitia ou la fin des hommes

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« Dans la nuit du 18 au 19 Janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d’être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans. » Quand j’ai commencé à lire la quatrième de couverture de Laëtitia d’Ivan Jablonka, je me suis sentie distante comme pour me protéger d’un trop-plein d’informations sordides et macabres. C’était sans compter le véritable talent de l’auteur. Nous sommes à la fois projetés dans un essai socio-politique, un récit, un polar, une sensible oraison. Et nous sommes avec Laëtitia, dans son destin marqué par des troubles affectifs répétitifs. Mais Laëtitia est une battante qui cherche, avec sa jumelle, Jessica, à s’intégrer, à faire et à prendre sa place. Ivan Jablonka nous entraîne jour après jour dans cette enquête et alterne son récit avec des recherches historiquo-sociologiques pertinentes -et hyper intéressantes- avec ce qui devient, beaucoup trop rapidement, « l’affaire Laëtitia ». Jablonka est un auteur engagé et on peut dire que sa littérature documentaire est devenue littérature rédemptrice:  il refait une place à l’enfant, à l’ado puis à la jeune fille séduisante que fut Laëtitia Perrais. « Laëtitia » est un « roman hors norme » dans tous les sens du terme, car l’auteur n’écrit pas que le drame, il s’investit beaucoup plus loin que cela et c’est là qu’est l’intérêt fort de toute l’histoire. Un vrai tour de force pour ce roman fort et incarné.

Laëtitia ou la fin des hommes d’Ivan Jablonka – éd. du Seuil – 383 pages – 21 euros –

Fanny